Can I hold you in my arms again?

Le réveil avait été un peu différent de d’habitude, ce matin là. Enfin, encore un peu plus différent qu’il ne pouvait l’être depuis le début de l’année. Francisco avait gardé Joy la nuit dernière, pensant que cela pourrait un peu soulager la rouquine même si ça n’était pas vraiment le cas. Que sa fille soit là ou non pour la réveiller en pleine nuit, elle ne dormait de toute manière pas beaucoup. Elle n’y arrivait tout simplement pas en ayant la place à côté d’elle totalement vide après l’avoir partagée pendant presque deux ans. Au bout d’un moment, elle n’avait même plus essayée de fermer l’oeil et s’était décidée à se lever, à quatre heures du matin, en compagnie de ses animaux, pour lancer la première cafetière de café de la journée.

Elle avait attendue la première heure de visites avant de partir de la maison, comme elle le faisait pratiquement tous les jours, encore plus alors que la petite n’était pas là. Rester à la maison à tourner en rond ou à faire le ménage une fois de plus ne servait strictement à rien. La seule personne qui allait lui en vouloir était leur chien qui la regardait toujours partir avec un air de chien battu. Mais qui était toujours ravi de la voir rentrer le soir. Sa voiture garée sur le parking de l’hôpital, la jeune femme était finalement montée au troisième étage, saluant les infirmières qui avaient l’habitude de la voir. Elle était ensuite arrivée dans la chambre de Dominic, toujours immobile sur son lit, avec des tubes de partout, et cette bon dieu de machine qui ne faisait que biper constamment.

Détournant le regard, Kat posa alors son sac sur l’une des chaises de la pièce, avant de retirer son manteau et de le poser au même endroit. Elle attrapa son téléphone, le regardant quelques minutes pour répondre à ses messages les plus importants, comme elle le faisait très souvent. Malheureusement le monde ne s’était pas arrêté de tourner, et il allait d’ailleurs bientôt falloir qu’elle retourne en tournage. Et elle préférait ne pas y penser. C’est un bruit de mouvement derrière elle qui la fit sortir de ses pensées. Se figeant sur place quelques micro-secondes, elle fini par se retourner sur Dominic, pensant un instant qu’elle avait hallucinée.

Mais non, c’était bien lui qui venait de bouger, et qui était en train d’ouvrir les yeux. Ne prenant même pas le temps de bien poser son téléphone qui tomba au sol, la rouquine se précipita alors à son chevet, tremblante. Les larmes lui montaient aux yeux, et se gorge se trouvait être totalement nouée alors qu’elle attrapait avec douceur la main de l’acteur.

« Dom? Tu m’entends? »

Elle ne savait pas quoi faire. Est-ce qu’elle devrait appeler les médecins? Ou le laisser se réveiller tranquillement sans avoir des personnes inconnues autour de lui? Est-ce que ce n’était pas dangereux? Elle n’en savait rien. Et elle se décida alors à suivre son instinct en restant auprès de lui le temps qu’il reprenne connaissance.

Can I hold you in my arms again?

La vie peut basculer à n'importe quel moment. Que ce soit au cours d’un rendez vous que vous pensiez banal , par une rencontre imprévue ou même au détour d’une rue. La mienne avait basculé en une fraction de seconde sans avertissement. Un réflexe malencontreux, une route humide et la voiture avait quittée la route brutalement, effectuant quelques tonneaux avant de finir sa course sur le bas-côté.  Ça n'avait duré au final pas plus de quelques secondes. Je n’étais même pas certain d’avoir eu le temps de rendre compte de la gravité de la situation. Je n'avais eu le temps que de sentir quelque chose s’écouler de ma tête avant de sombrer.

Mon corps était terriblement lourd comme s’il était fait de pierre. Mon esprit émergeait doucement des profondeurs. Je commençais à percevoir des bruits extérieurs au milieu du bourdonnement qui résonnait dans mes oreilles. Je plissais les yeux plusieurs fois avec toute la force dont j’étais capable à cet instant. Cet effort me coûtait énormément. J'avais l'impression d'être totalement engourdi comme lorsque l'on se réveille d’une longue sieste dans une position des plus originales et inconfortable. Le simple fait de respirer était désagréable, tout en procurant une étrange sensation. Je reprenais très lentement possession de mon corps. Je voulais fermer ma main mais n'arrivais qu'à bouger consciemment quelques doigts. C’était assez pour attirer la présence rassurante que je ressentais à mes côtés depuis le départ. La voix de Katherine ne tardait pas à se faire entendre. Je ressentais une sensation de chaleur m’envahir. C’était suffisant pour calmer la panique qui m'envahissait face à cette situation totalement incompréhensible pour mon esprit.

Je rassemblais mes forces pour entrouvrir les yeux. Le premier essai n’était pas le succès attendu. Je sentais la chaleur de sa main contre la mienne ce qui me poussait à retenter l’expérience. J'ouvrais doucement les yeux. J’étais directement ébloui par le peu de lumière présent dans l’endroit où je me trouvais. Je n’étais pas encore en état pour me demander où j’étais. La seule chose que je voulais était de la voir. Elle. Dans un léger gémissement, je faisais une tentative infructueuse de me tourner vers elle.

《 Kat…. 》

Son expression me paraissait triste. La force avec laquelle elle serrait ma main confortait cette impression dans mon esprit embrumé. Mon cœur s'accélérait dans ma poitrine, causant une succession de bip strident. Je me sentais perdu. Mes yeux s'habituait à nouveau à la lumière mais ne m’aidait pas à me resituer. Je savais qu'il y avait quelque chose même s’il m’était impossible de le verbaliser. Je serrais sa main de toutes mes forces.

Can I hold you in my arms again?

Katherine avait l’impression que son coeur allait lâcher. Les quelques secondes qui venaient de s’écouler lui paraissaient avoir été des heures. Elle ne faisait que fixer le visage de son petit ami, sa main dans la sienne dans l’espoir qu’elle n’avait pas rêvée. Qu’elle l’avait vraiment vu bouger, qu’elle avait sentie qu’il lui revenait, et qu’il allait ouvrir les yeux. Ce qu’il finit par faire, non sans difficultés. Elle ne s’attendait de toute façon pas à ce qu’il se remette sur pieds en quelques heures. Rien que le fait qu’il se réveille était déjà un grand pas, et une très bonne chose à ses yeux. Son esprit dériva d’ailleurs vers Joy. Elle allait être si heureuse de revoir à nouveau son papa. Et rien que cette pensée fit couler des larmes supplémentaires le long de ses joues.

“Je suis là, tout va bien.”

Ce n’était pas tout à fait vrai. Mais elle voulait surtout lui faire comprendre par là qu’il était en sécurité. Elle sentait qu’il n’était pas rassuré, que ce soit à travers les battements de son coeur qui s’affolaient, ou sa main qui serrait fortement la sienne. Kat rapporta d’ailleurs cette dite main à son visage. Elle avait besoin de le sentir, même si elle savait qu’il avait repris conscience. Ses doigts n’avaient pas touchés son visage depuis des semaines, bien sûr que ça lui faisait quelque chose. Il lui avait manqué, plus que tout. La maison allait sans aucun doute retrouver un peu de vie quand il rentrerait, même si avec la petite, ce n’était jamais vraiment très calme. Mais c’était différent, et ça se ressentait.

“Tu veux que j’aille chercher les médecins tout de suite?”

C’était un peu sa façon de lui demandait comment il se sentait. Même si elle se doutait qu’il n’était pas au plus haut de sa forme. Mais il avait peut être envie qu’ils passent un moment juste tous les deux avant d’affronter la batterie d’examens qui allaient très certainement suivre. Et peut être qu’il voudrait savoir comment Joy allait, et où elle se trouvait.

Can I hold you in my arms again?

Ouvrir les yeux avait été une véritable épreuve pour moi. Mon esprit était envahi par une brume épaisse et j’émergeais sans trop comprendre ce qui se passait autour de moi. La pièce ne ressemblait qu’à un halo de lumière avant que petit à petit des formes n’apparaissent. Je n’avais aucune idée de l’endroit où j’étais et ce n’était pas véritablement ma priorité. Je ressentais chaque parcelle de mon corps se réveiller petit à petit de façon plus douloureuse les unes que les autres. Heureusement pour moi, je reconnaissais une forme qui se dessinait dans un coin de la pièce. Elle m’était totalement familière. Je faisais le lien de façon presque automatique, ça ne pouvait être que Katherine. Je l’espérais de toutes mes forces. Je tentai de me tourner vers elle pour la voir un peu mieux. Le gémissement produit me découragea. Je l’appelai de ma petite voix. Son visage apparut et à l’instant même j’étais rassuré. Sentir sa main me fit l’effet d’une décharge électrique, mais des plus agréables. Pourtant, les questions se précipitaient les unes à la suite des autres. La peur prit possession de moi. Merde qu'est-ce qui se passait ?

Sa voix me rassura. J’étais dans un état bien trop second pour comprendre que c’était en partie un mensonge. Elle approcha sa main de mon visage. Je profitais de cet instant. J’aurai aimé pouvoir fermer les yeux pour me laisser totalement aller, mais j’avais mis trop d’effort pour les ouvrir. Je ne voulais plus jamais les fermer pour pouvoir voir encore et encore son visage. Une certitude se dessina en moi : je ne savais pas où j’étais et ce que j’y faisais mais je voulais rentrer tout de suite. Certes, c’était carrément impossible.

Katherine me demanda si je voulais qu’elle aille chercher les médecins. Je la regardais sans vraiment comprendre. C’était trop d’informations pour ce que j’étais capable d’assimiler à cet instant. Il me fallait faire le point. Médecins. Vu ce que je ressentais, je comprenais pleinement l’intérêt. Je prenais une grande inspiration pour tenter de me calmer. Il fallait être un peu rationnel :

« Qu'est ce qui s'est passé ? On est où ? »

C’était la question de départ. J’avais mal partout. Il y avait un bip insupportable. Katherine était inquiète. J’étais surement à l’hôpital. Pourquoi ? Il s’était passé quelque chose. Je tentais de me souvenir, mais je me retrouvais face à l’obscurité la plus totale. Je ne me souvenais de rien. Absolument rien. Enfin si la dernière chose était ma présence chez nous et Joy qui pleurait. J’avais fait un truc. Impossible de savoir quoi. J’eus un nouveau coup de panique en pensant à notre fille. Merde. Est ce que j’avais fait quelque chose de mal ? Mes yeux s’agrandirent comme mon sentiment de peur :

« Joy ? »