Je le regardais alors qu'il mettait son comportement sur le dos de sa bipolarité, ce que je ne tolérais pas. Certes, il était malade mais il était aussi sous traitement et en aucun cas son attitude n'était justifiable par ce qu'il avait comme pathologie. Encore une fois, il se trouvait des excuses et ça commençait bien évidemment à me taper sur le système. « Mieux vaut que tu ne me dises rien si c'est pour dire des bêtises pareil. » lâchais-je d'un ton que je ne pensais jamais lui adresser. Je le fixais toujours alors que les raisons de ne pas aimer Toby étaient toujours aussi peu convaincantes, voir flou. Je fronçais les sourcils alors que je comprenais aisément qu'il ne savait pas vraiment pourquoi il ne l'aimait pas, il avait juste décidé que c'était comme ça.  « Si on était pas amis, tu n'aurais rien contre lui, pas vrai ? » Puisque il distillait les indices, il fallait bien que je tente de tout raccrocher ensemble et étonnement, je ne pensais pas me tromper mais j'étais la seule à vouloir y voir plus clair.

Chris soufflait et je faisais de même ( ) avant de me murer dans le silence. Il ne faisait qu'un effort pour qu'on s'explique ou même que je comprenne sa réaction. J'avais la sensation qu'il avait tout simplement peur de ce qui pouvait arriver si il s'ouvrait un peu à moi. J'avais pour habitude d'être la plus peureuse des deux dans une relation mais il me semblait que j'avais trouvé pire.  « Je compte t'ignorer jusqu'à ce que tu ne me prennes plus pour une idiote oui. Maintenant on pourra reparler quand tu auras envie de porter ce que tu as entre les jambes. » Cette provocation n'avait pour but que de faire sortir Chris de ses gongs, parce que je savais pertinemment que c'était la seule façon pour lui de dire ce qu'il pensait réellement. Je vivais avec lui depuis quelques mois et je le connaissais par cœur maintenant... Je n'aimais pas parler ainsi, encore moins à quelqu'un pour qui je ressentais autant de choses mais c'était le seul et unique moyen de nous en sortir.

Dire que ma relation avec Chris n'avait toujours été qu'amicale était un mensonge. J'avais souvent dormi à ses côtés en rêvant secrètement de me blottir dans ses bras pour m'y lover toute une nuit et j'avais aussi détesté la femme qui avait fait battre son cœur pendant quelques années. Tous ces signes n'avaient pourtant pas été suffisant pour que je me lance dans quelque chose de plus sérieux avec lui. A vrai dire, je me considérais comme un désastre sentimental et je ne m'étais jamais sentie capable de rendre un homme heureux du moins pas quelqu'un à qui je tenais aussi fort que Chris. Notre amitié avait toujours été spéciale et tendre, elle avait quelque chose de plus que les autres n'avaient pas et ce même si aucun de nous n'avait jamais eu envie de l'avouer à haute voix. Pourtant, il fallait être aveugle pour ne pas le voir et je supposais que Melissa l'avait vu elle-aussi et je comprenais qu'elle me déteste -elle aussi- même si je m'en fichais. Le courage me manquait terriblement pour avouer quelque chose que je ne m'avouais pas à moi-même... Au fond, j'avais forcé l'acteur à sortir de sa zone de protection et je l'avais obligé à faire ce que j'avais toujours refusé de faire. C'était peut-être égoïste mais j'avais besoin de réponses.

Je restais figée en l'entendant et je sentais mes mains presque trembler. Je ne m'étais pas attendue à ça même si j'étais totalement à l'initiative de son énervement. Je l'avais poussé dans ses retranchements et j'avais touché à la corde sensible qu'est la virilité. Chris se levait d'un bond et je le suivais sans attendre, en dehors du restaurant. « Chris... » balbutiais-je en passant mes mains dans mes cheveux avant de laisser retomber mes bras.  « Pardon... Pardon d'avoir dit ça... » commençais-je avant d'attraper son bras pour attirer son corps contre le mien et je le serrais dans mes bras glissant une de mes mains sur sa nuque. Pour le coup, si j'étais déjà nulle en amour, j'avais aussi été une piètre amie. D'ailleurs, après tout ça, il allait falloir que je m'ouvre aussi, que j'ai le même courage que lui même si j'avais la chance que personne ne me mette la pression ou presque.