Nous avions eu un vol Chicago – Los Angeles plutôt calme. Les enfants ont été adorables du début jusqu'à la fin et pourtant c'était mal parti ce matin avec notre fils. Alors que je le préparais pour partir à l'aéroport, j'avais remarqué des bleus sur son corps, pas surtout tout le corps et pas énormément heureusement, mais tout de même très inquiétant pour un bébé qui était censé être en parfaite santé. Inquiet j'ai donc appelé Sophia et de là des tas de questions. Notre nounou serait-elle responsable ? Est-ce qu'il serait tombé et elle n'oserait pas le dire ? Est-ce que ce sont nos enfants qui se sont frapper même involontairement, est-ce notre grande qui aurait fait une bêtise et n'oserait pas nous le dire ? Des tas de questions sans réponse. C'est durant le vol, entre une conversation sur la contraception, une sieste et des recherches internet que je suis tombé sur un article intéressant d'un couple Français qui aurait perdu la garde de leur fille durant quelques années à cause d'une maladie provoquant des bleus sur le corps, de quoi faire froid dans le dos. Nous sommes conscient tous les deux que nous allons probablement avoir droit à des questions, mais nous n'avons rien à nous reprocher, espérons que tout ce passe pour le mieux et que nous aurons à faire à un médecin compétent et compréhensif. Dès que nous débarquons, les parents de Sophia sont là, nous les saluons, Sophia leur explique rapidement la situation et il acceptent de garder nos filles le temps d'un aller/retour à l'hôpital. Nous prenons un taxi, ou nous sommes tous les trois à l'arrière et où je serre très fort la main de ma future femme.

Nous ne savons absolument pas ce qui nous attend lorsque nous arrivons chez nous. Rapidement, nous laissons nos deux filles aux parents de Sophia, avant de prendre notre fils et d'aller en direction du médecin. Sophia a expliqué rapidement à sa mère ce qu'il se passait avant de partir et nous avons pour mission de lui téléphoner dès que nous sortons de ce rendez-vous. Plus les heures, les minutes passent, plus je me demande si c'est une bonne chose. Et si c'était juste un bobo causé par un jouet ou par ses sœurs ? Et si on nous accusait tout simplement de maltraitance face à notre fils ? Je ne dit rien à Sophia pour ne pas l'affoler. « Ça va aller d’accord ? Ils vont trouver ce qu’il a et ça sera rapidement derrière nous. » Nous essayons de ne pas se stresser l'un l'autre mais ce n'est pas simple.

« Oui … Oui bien sûr. »

Comme le dit Sophia, nous passons rapidement. L'effet de la célébrité ? Je ne sais pas, qu'importe. Le médecin nous accueil et après une rapide présentation de ce qui nous arrive, il se décide de passer à l'action. « Je vais devoir l’ausculter, est-ce que vous pouvez le déshabiller s’il vous plaît ? » « Oui bien sur. » Sophia s'occupe alors de déshabiller notre fils pour que le médecin puisse faire ce qu'il a à faire. Sophia me lance des regards, et j'essaye de l'être rassurant.

« Vous pouvez nous dire ce qui ne va pas ? »

« Ce ne sont pas des bleus causés à cause d’un choc ? » « Non. Ce ne sont pas des hématomes digne de violences ce qui devraient vous rassurer car sinon on aurait du vous interroger. » « Nous interroger sur quoi ? On a jamais levé la main sur nos enfants et on a pas besoin de passer devant des professionnels pour qu’on nous croit. » Ce n'est pas facile tous les jours d'être parents, mais lorsqu'il arrive quelque chose comme ça s'est encore plus compliqué à gérer. Forcément pour nous aujourd'hui ce n'est qu'une journée de tension à son maximum autant pour Sophia que pour moi. Nous essayons de nous soutenir au maximum tous les deux, nous essayons aussi et surtout de rester calme, mais ça c'est sûrement le plus compliqué. Je crois bien que Sophia montre des signes d'exaspération alors je rejoins ma femme près de la table de consultation pour déposer mes mains sur ses bras, signe que tout ira bien, en tout cas nous l'espérons.

« On s'était posé la question de savoir si leur nounou avait pu faire ça ... »

Le médecin ne semble pas être là pour nous attaquer comme aurait pu le faire certains d'entre eux finalement. Finalement, peut-être que nous avons cette chance de tomber sur quelqu'un de bien. Espérons-le jusqu'au bout maintenant, « Tout va bien Madame Bush, nous allons devoir garder votre enfant cette nuit pour le mettre sous surveillance et commencer les examens demain. » De nouveau mon rôle de mari et de père doit prendre le dessus même si je suis tout aussi stressé que Sophia. Ne rien montrer, prendre sur soi et rassurer.

« Peut-être que l'un de nous deux peut rester avec lui cette nuit … ? »

Je suis dans le même état que Sophia, je sais très bien ce qu'elle ressent et je la connais par cœur alors j'essaye de prendre les devants en posant les questions et en essayant, moi-même, d'être calme pour ne pas que tout ça nous retombe dessus malgré tout. « Il est possible que ça vienne d’une tiers personne comme une nourrice mais sans preuves il est difficile de pointer le doigt sur elle. » J'ai jamais été un homme violent, bien au contraire même j'ai toujours essayé d'arrondir les angles, de faire mon maximum pour que tout se passe toujours bien même lorsque ça n'était pas simple. Effectivement, sans preuve, s'est compliqué, mais pour tout le monde alors à ce moment-là ! J'essaye d'enchaîner sur ce qui nous intéresse le plus, à savoir si quelqu'un peut rester avec lui ce soir. « Vous pouvez rester tous les trois ensemble si vous le souhaiter. » Compliqué lorsqu'on est parent de trois enfants. Si Livio était tout seul, la question ne se poserait même pas, mais ses deux sœurs nous attendent à la maison avec leur grand-parent.

« Vous pouvez nous laisser cinq minutes s'il vous plaît ? »

Demandais-je au médecin qui s'éloigne alors quelques minutes, profitant de ce moment pour remplir le dossier de notre fils, je retrouve ma future femme. « Je..je ne peux pas faire ça...» Je suis tout autant angoisser qu'elle, je ne sais que dire, que faire, j'ai mal au ventre, je ne me sent pas bien, et pourtant je dois garder la tête haute pour ma famille. « Si..si il décide de le garder c’est que c’est sérieux...» Qu'est-ce que je peux répondre à ça, je ne suis pas médecin.

« C'est peut-être pour faire des examens plus approfondit et nous éviter à tous les trois beaucoup d'aller-retour entre la maison et l'hôpital. Je sais que c'est compliqué, mais on n'a pas le choix et on va devoir garder la tête haute pour nos enfants, surtout pour les filles qui vont se poser beaucoup de questions. Tu veux rentrer te reposer pour ce soir et moi je reste ici ? »

Je n'aime pas cette situation, personne ne l'aime d'ailleurs mais nous ne pouvons pas faire autrement. C'est un mauvais moment que nous devons essayer de passer le plus calmement possible pour notre fils, pour qu'il se sente rassuré malgré tout avec au moins l'un de ses parents. Depuis la naissance des jumeaux nous avons toujours tout fait à cinq alors forcément se retrouver là et n'être que deux ne va pas être simple, mais nous n'avons pas le choix. « C’est difficile de devoir quitter son enfant..mais oui je vais rentrer..» Je n'aime pas voir ma femme dans cet état, mais malheureusement je ne peux rien faire de plus pour le moment.

« Je sais bien … Mais ça va aller … J'en suis sûr. »

Non, je ne suis sûr de rien mais je ne peux pas le lui dire. Je peux simplement donner de l'espoir, essayer de montrer que tout ira bien. Elle embrasse notre fils, puis me le dépose dans mes bras, ce petit garçon pour le moment si calme comme à son habitude et qui doit malgré tout se demander ce qu'il se passe et pourquoi sa maman pleur. « Prend soin de lui...» Passant une main derrière la tête de mon fils, je l'enlève pour prendre ma femme dans mes bras, tous les trois.

« Ne t'inquiète pas, la nuit va passer vite. »

Ou pas, puisque nous n'allons certainement pas dormir elle comme moi d'ailleurs.